Pour une meilleure gestion de la qualité des eaux

Richard Lauzier, agronome
Direction régionale de la Montérégie, secteur est
Ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation du Québec

Mercredi, 7 juin 2000




Pour une meilleure gestion de la qualité des eaux

Mais qui est cette nouvelle venue au sein des organismes régionaux ? Vous avez peut-être entendu parler du rapport que la Commission sur la gestion de l’eau au Québec, le BAPE, a présenté il y a quelques jours à la suite d'une tournée d’audiences publiques sur la question. On y recommande au gouvernement du Québec de revoir les politiques de gestion de l’eau au Québec en proposant deux pivots d’action : la création d’un ministère d’État à la Ressource eau et l’implantation de la gestion par bassin versant. Voilà donc ce qu'est la Corporation bassin versant Baie Missisquoi : un organisme régional de gestion des eaux correspondant au bassin versant de la baie.

La gestion par bassin versant est un type d’administration régionale regroupant tous les utilisateurs d’un cours d’eau. Divers groupes d’intérêts y sont représentés. Il s'agit d'une sorte de « parlement régional de l’eau », qui devra concilier les usages de chacun en fonction d’objectifs généraux de conservation.

La Corporation bassin versant Baie Missisquoi a été officiellement constituée en mars 1999. Dans ses règlements généraux, elle définit son secteur d’intervention comme étant constitué de la part québécoise des bassins versants des trois rivières alimentant la baie Missisquoi. Il s'agit de la Rivière-aux-Brochets, presque entièrement située du côté québécois, et des rivières Missisquoi et La Roche, qui sont pour leur part situées en majorité du côté américain.

C'est un défi de taille qui attend la nouvelle corporation, puisque le problème de dégradation croissante de la qualité des eaux de la baie est des plus criants chaque été. En effet, la baie Missisquoi, partie québécoise du lac Champlain (lac transfrontalier qui s'étend au-delà de la frontière américaine), couvre 7 % de la superficie du lac et en constitue le secteur le plus pollué.

Devant ce problème de pollution, les gouvernements du Québec et des États du Vermont et de New York ont d'ailleurs opté pour une approche commune : ils ont signé une entente intergouvernementale sur la réduction du phosphore dans la baie Missisquoi.

Préoccupés depuis longtemps déjà par l’état du lac Champlain, les Américains avaient déjà créé, il y a environ quinze ans, un organisme voué à proposer et mettre en place des solutions : le « Lake Champlain Basin Program ». Cet organisme est très actif et très structuré. Il est composé de différents comités de travail, notamment du « Phosphorus Reduction Task Force », du « Educational and Out Reach Committee » et du « Advisory Committee », qui sont tous subordonnés au « Steering Committee ». C’est un peu grâce au travail et aux pressions des membres québécois d’un de ces comités (le « Citizen Advisory Committee ») qu’a été mise en place la Corporation bassin versant Baie Missisquoi, qui se veut l’équivalent québécois de l’organisme américain.

Depuis sa création officielle, le conseil d’administration de la corporation s’est réuni une fois par mois en moyenne et a élaboré un plan d’action pour favoriser l’amélioration de la qualité des eaux.

Le conseil d’administration actuel regroupe treize membres, dont quatre représentants des agriculteurs, quatre représentants du secteur municipal, quatre représentants environnementalistes et un représentant du secteur du tourisme et des affaires. Cette situation pourrait cependant changer, car les gens de ce dernier secteur ont manifesté la volonté d’être représentés en plus grand nombre au conseil d’administration.

La gestion par bassin versant fait ses premiers pas au Québec. Des organismes à vocation semblable sont en place depuis peu dans quelques autres bassins versants au Québec : le COBARIC pour la rivière Chaudière, le COGEBY pour la Yamaska… on parle aussi de former le COVABAR pour le Richelieu.

Quel sera l’impact de la mise en place de ces structures ? L’avenir le dira. Mais tant qu’il y aura des personnes de bonne volonté autour de la table, des gens conscients du problème de pollution et de la nécessité de s'y attaquer, cela devrait permettre d’avancer.

Mise à jour: 01-04-02